mardi 26 septembre 2017

Les élections allemandes : symptômes d’une maladie européenne

Avant les élections fédérales du 24 septembre 2017, l'Allemagne semblait à l'abri de la plupart des difficulté rencontré par ses voisins. On l’a souvent répété : la plupart des gouvernements au pouvoir au début de la crise économique et financière de 2008 ont été battus aux élections suivantes. Angela Merkel a survécu. Son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a même obtenu de meilleurs résultats aux élections fédérales de 2013 qu’à celles de 2009. Ce résultat a contribué au mythe d’une exception allemande : un pays qui n’est pas soumis aux mêmes aléas politico-économiques, qui est mieux gouverné que ses voisins, et où les citoyens soutiennent le gouvernement en place.

L’Allemagne se distingue également par la faiblesse historique du vote d’extrême-droite. Alors que des partis de ce courant sont fortement implantés dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest (et de l’Est), et parfois même au gouvernement, ils n’avaient jamais réussi à percer au niveau fédéral en Allemagne, devant se contenter de quelques résultats honorables dans les Länder.

L’élection du 24 septembre 2017 semble sonner le glas de l’exception allemande. L’Alternative für Deutschland, parti populiste et anti-immigration, fait une entrée fracassante au Bundestag, alors que le CDU perd près de 70 sièges par rapport à 2013. Pire, les deux partis traditionnels de gouvernement, le CDU et les social-démocrates du SPD, représentent à peine plus de 50 pour cent des votes. Pour rappel, ces deux partis ont régulièrement atteint 80 pour cent des suffrages, et même plus de 90 en 1976, comme le montre le panneau gauche du graphique ci-dessous. Parallèlement la participation (panneau droit) a également quelque peu diminué depuis cette date. Elle reste très solide, certes, mais, avec 76 pour cent, on est loin des taux de plus de 90 pour cent des années soixante-dix.



L’Allemagne rejoint ainsi un monde politique déjà bien connu presque partout ailleurs, un monde politique rythmé par des surenchères populistes, une volatilité accrue et une confiance déclinante en les capacités et les qualités de ceux qui nous gouvernent.

Dans ce monde politique, il devient de plus en plus difficile de trouver des majorités. Parfois, comme en France, le système électoral fabrique des majorités là où il n’y en pas, mais cela semble juste retarder le moment où il faudra faire face au problème de la gouvernabilité déclinante. Gouverner devient de plus en plus difficile, dans un contexte où la vindicte populaire contre le gouvernement se déchaîne à peine quelques mois après son élection. Le risque -réel- est d’assister à un nombre croissant de « surprises » électorales comme le Brexit ou l’élection de Donald Trump. Le risque est aussi de se trouver dans l’impossibilité croissante de trouver des accords dans les instances européennes ou de trouver un terrain d’entente sur des sujets aussi cruciaux que la gestion des flux migratoires ou la lutte contre le réchauffement climatique.

Pour l’Allemagne, la période – souvent longue – de négociation de coalition s’annonce plus difficile que jamais. Une « grande coalition », entre SPD et CDU atteindrait une majorité absolue, mais Martin Schulz, le chef de file des sociaux-démocrates, a annoncé que son parti ne participerait pas au gouvernement. Cette élection a confirmé que les grandes coalitions ont – presque - toujours été défavorables au SPD. La seule alternative viable semble être une « coalition jamaïcaine », avec les libéraux du FDP et les Verts. Inimaginable en France, ce type de coalition ne semble plus relever de l’impossible, mais ne sera pas facile à gérer au jour le jour.

Quelque soit la coalition trouvée, il sera plus difficile de gouverner et la fragilité des résultats risque d’avoir un impact sur le style de gouvernement et même sur le contenu des politiques adoptées. Angela Merkel a de fortes chances de se voir contestée au sein de son parti, ce qui était déjà le cas lors des deux dernières années à l’occasion de plusieurs élections régionales. C’est surtout la politique migratoire qui sera dans la ligne de mire du groupe parlementaire de l’AFD, bien sûr, mais sans doute aussi des partenaires de l’Union sociale-chrétienne bavaroise et d'une partie des membres du parti de la chancelière. Le projet européen dans son ensemble risque de pâtir de cette contestation interne. Un leadership allemand est en effet de moins en moins probable dans ces conditions.

L’élection allemande du 24 septembre montre qu’aucun pays n’est plus à l’écart de ces évolutions. Nos systèmes politiques sont à bout de souffle, le contrat social sur lequel ils sont bâtis semble de plus en plus contesté. Il ne suffit pas ou plus de marteler que ce sont les fondements de notre démocratie qu’il faut respecter. Le rapport entre représentants et représentés doit être refondé. Il faut inventer la démocratie de demain, des nouvelles manières d’impliquer les citoyens et de répondre à leurs attentes, leurs déceptions et leurs craintes. Il n’y a pas de fatalité, pourtant : en Islande ou en Irlande il a fallu repenser le système politique suite à des crises économiques qui ont ébranlé les fondements de la société politique. Mais il n’y a pas non plus de solution facile : ce qui marche en Irlande ne marche pas forcément en France ou en Allemagne. Le chemin est difficile et semé d’embûches. Mais ce n’est qu’au prix d’une réforme en profondeur que nos systèmes politiques resteront gouvernables.


Emiliano Grossman

jeudi 15 juin 2017

Les électeurs français récompensent-ils les députés qui ont bien travaillé à l’Assemblée ?

Alors que le second tour à venir des élections législatives a de forte chance de conduire à un fort renouvellement de l'Assemblée Nationale, on peut se demander si pour les rares députés sortants qui seront réélus, leurs activités au sein du Parlement durant la précédente législature auront peser dans les choix des électeurs ?

En effet, la règle démocratique veut que les représentants, les élus, soient « disciplinés » dans leurs décisions par le fait qu’ils doivent, à intervalle régulier, retourner devant les électeurs pour remettre en jeu le mandat qu’ils ont reçu d’eux. Cette question centrale dans la science politique a fait l’objet de beaucoup d’attention, en particulier parce qu’elle nécessite une bonne information de la part des électeurs et parce que les choix électoraux doivent être inspirés par les éléments d’action publique des sortants. 
Ce lien hypothétique entre l’action publique et les choix électoraux dépend, de plus, des modes de scrutin ou encore des pouvoirs dévolus aux représentants. Or le système législatif français se caractérise par, au moins, trois choses : un mode de scrutin uninominal renforçant le lien entre le représentant et sa circonscription ; un parlement au pouvoir notoirement réduit par rapport à l’exécutif ; et enfin un calendrier électoral qui depuis 2002 a transformé l’élection législative en élection de confirmation de l’élection présidentielle qui la précède. Le premier élément favoriserait alors les mécanismes de sanction/récompense des électeurs français vis-à-vis de leur député, le deuxième l’affaiblirait car le travail parlementaire est peu valorisé globalement dans le système politique français, et enfin, le dernier affaiblirait également les motivations chez les électeurs de sanction/récompense du travail des élus car l’enjeu de l’élection serait ailleurs.
La question est alors de savoir si, compte tenu de ce contexte, les électeurs français sont sensibles, lors des élections législatives, aux activités qu’ont pu mener leurs députés.

Notre récent travail indique clairement que la réponse est oui ! Les électeurs sont sensibles aux activités de leur député au sein de l’Assemblée Nationale : ils récompensent les députés travailleurs, en tout cas, certaines de leurs activités.

Pour parvenir à ce résultat, nous étudions les effets de différents indicateurs de l’activité des députés en poste à la fin de la 12ème législature sur leur probabilité d’être candidat à un nouveau mandat, les suffrages qu’ils récoltent au premier tour et leur probabilité finale d’être réélus lors des élections législatives de 2007. Les mesures de l’activité parlementaire couvrent toutes les facettes de l’action d’un député : l’écriture de la loi, les questions écrites et orales au pouvoir exécutif, la production de rapports (législatifs ou d’information), la commission parlementaire d’appartenance, et la gestion des commissions, des groupes de travail ou des groupes d’amitié.
Une fois pris en compte  les autres facteurs les plus susceptibles d’expliquer ces situations, nous observons les relations statistiquement significatives détaillées dans le tableau qui suit

Activités influençant …
La probabilité d’être candidat à l’élection législative
Les suffrages obtenus au premier tour de l’élection législative
La probabilité de réélection
Représentation de la circonscription
Aucune relation significative
Nb de questions orales
Nb de questions écrites (-)
Aucune relation significative
Production de la loi
Nb de lois proposées
Nb de proposition de lois co-signées
Nb de rapports législatifs (-)
Nb de lois proposées




Au moins, une proposition de loi a abouti



Nb de rapports législatifs
Au moins, une proposition de loi a abouti
Contrôle de l’exécutif
Nb de rapports d’information
Nb de rapports d’information
Nb de rapports d’information
Gestion du travail parlementaire
Aucune relation significative
Gestion de groupes de travail de l’AN (-)
Gestion de groupes d’amitié


Gestion de groupes d’amitié
Les effets sont toujours positifs sauf ceux suivis par (-) ; ne sont présentées que les relations statistiquement significatives.

Les éléments les plus notables sont les suivants. Rédiger des propositions de loi augmente les suffrages collectés au premier tour par leur auteur et, si au moins l’une de ses propositions de lois aboutit, le député sortant perçoit plus de suffrages et sa probabilité de réélection est plus élevée. Le nombre de questions orales posées - activité qui entraîne un passage télévisé puisque les questions au gouvernement sont retransmises sur France 3 - a une incidence positive sur les suffrages obtenus, alors que les questions écrites, plus nombreuses et plus faciles, ont une influence négative sur les résultats électoraux du premier tour. De même, la gestion (présidence ou secrétariat) des groupes d’amitié a un effet positif sur la fortune électorale du candidat sortant.
Le graphique suivant donne l'ampleur des principaux effets sur les suffrages récoltés au premier tour. Ainsi une augmentation de 1% des questions orales induit une augmentation de 0.03% des suffrages du député sortant qui se représente
De la même manière la représentation des principaux effets sur la probabilité de réélection est donnée par le graphique qui suit. Le fait pour un député de parvenir à faire adopter une loi qu'il avait proposé accroît sa probabilité de réélection de 0,003%.

Ces résultats montrent qu’en dépit des caractéristiques du système politique français, les électeurs dans leur choix de reconduire ou pas leur député sortant prennent en compte l’intensité de leur activité parlementaire, exerçant ainsi une pression démocratique. Il reste à savoir si, au côté des électeurs, les partis eux-mêmes sont également sensibles dans leur soutien ou la promotion de leurs élus à l’investissement de ces derniers dans le travail parlementaire.



Abel FRANÇOIS et Julien NAVARRO

mardi 13 juin 2017

La mort à petit feu des élections législatives en France


L'avance importante de « La République en marche » au premier tour des élections et la possibilité de l'avènement de la majorité parlementaire la plus importante de l’histoire de la 5e République n’arrivent pas à éclipser une autre réalité des élections législatives de 2017 : le taux de participation le plus faible jamais enregistré en France pour une élection législative. Avec 50,2 pour cent d’abstention, c'est le taux le plus élevé depuis la première élection législative en France en 1848. 

Une élection législative « subordonnée »
Comme nous l’avons développé ailleurs, la 5ème République en introduisant après 1962 l’élection du Président au suffrage universel direct a créé une hiérarchie entre l’élection présidentielle et l’élection législative. Comme le montre le graphique ci-dessous, l’élection présidentielle, depuis sa création, a toujours attiré plus d’électeurs que l’élection législative.

Le taux d’abstention moyen, en incluant les deux tours de l’élection présidentielle de 2017 et le premier tour de l’élection législative de 2017, est ainsi de 20 et 19 pour cent pour les premiers et seconds tours des présidentielles et d’environ 30 et 28 pour cent pour les premiers et seconds tours des législatives (partie gauche du graphique ci-dessous).




Mais le vrai problème est ailleurs, comme le montre la partie droite du graphique. L’abstention est surtout élevée quand l’élection législative coïncide (barre de droite) ou, plus précisément, suit une élection présidentielle. Quand les deux ne coïncident pas (barre de gauche), le taux d’abstention est plus faible. La dernière fois que ce fut le cas, en 1997, l’abstention s’est limitée à 32 et 29 pour cent aux premier et second tours. Mais quand elle suit l’élection présidentielle, l’élection législative est transformée en une élection de confirmation de l’élection présidentielle, comme un troisième tour d’une élection déjà décidée. Cela se ressent fortement au niveau du taux d'abstention, comme le montre le graphique, qui atteint plus de 37 pour cent en moyenne.

La réforme constitutionnelle de 2000, en ramenant le mandat présidentiel à 5 ans, couplée à l'inversion du calendrier électoral qui met l’élection présidentielle avant l’élection législative ont inscrit dans la durée cette subordination de l’élection législative. Les résultats du premier tour des élections législatives du 11 juin s’inscrivent ainsi dans la continuité des élections précédentes : 36 et 40 pour cent d’abstentions en 2002, 40 et 40 en 2007 et 43 et 45 en 2012.

Une majorité de plus en plus mal élue
Les mécanismes ne sont pas difficiles à saisir. La logique présidentielle place beaucoup d’espoirs dans le nouveau président élu, dont les électeurs se mobilisent massivement pour les législatives, alors que les électeurs des autres candidats se démobilisent tout aussi massivement. Un effet secondaire de cette abstention croissante est une majorité de plus en plus « mal élue ».  

En général quand on parle d’élections, on raisonne sur le pourcentage des votes exprimés, qui seuls déterminent le nombre de sièges. Le système majoritaire à deux tours en vigueur en France pour les élections législatives depuis 1988 donne une prime importante en siège au parti vainqueur. 

Le graphique ci-dessous présente plusieurs informations uniquement pour le parti arrivé en tête à chaque élection législative depuis 1988. En 1988, le PS obtient 37,2 pour cent des voix exprimées au premier tour et 45 pour cent des sièges. La prime est ainsi de 8 pour cent, la plus faible pour les élections ici considérées. En 2002, l’UMP obtient 33,3 pour cent des voix exprimées au premier tour pour, au final, 358 sièges, c’est-à-dire 62 pour cent des sièges et une prime de 29 pour cent (!). Au vu de ces différences, le système électoral français est – à raison – considéré comme un des plus « disproportionnels » au monde.


Mais regardons une autre mesure très peu commentée, à savoir le pourcentage des inscrits obtenus par le parti arrivé premier (et non le pourcentage des exprimés). Et là, la disproportionnalité devient encore plus importante. Avec le déclin de la participation aux élections législatives, la prime au gagnant s’accroît de manière – presque – exponentielle. Par exemple, en 2012, le PS a obtenu 48,5 pour cent des sièges avec 16,5 pour cent des inscrits.

Pire encore, selon la fourchette basse des estimations pour le second tour du dimanche 18 juin (400 sièges), « La République en marche » est susceptible d’obtenir au moins 69 pour cent des sièges avec 28 pour cent des voix exprimées et seulement 13,5 pour cent des inscrits au premier tour. Quoi qu’il arrive dimanche prochain, la majorité élue sera peut être la plus forte de l’histoire de la 5ème République mais aussi la plus mal élue, quelle que soit la mesure utilisée (votes exprimés ou inscrits).

Au vu de ces quelques chiffres, il paraît urgent d’engager une vraie réflexion sur l’avenir des institutions et, plus particulièrement, la place des élections législatives et de l’Assemblée nationale. Il est très problématique, d’un point de vue démocratique, de voir les élections qui déterminent la majorité gouvernementale dévalorisées à ce point. A terme, c’est la légitimité des gouvernements et donc aussi celle de leurs décisions et de leurs politiques qui risquent d’en pâtir.

Il existe, pourtant, des pistes de réflexion. Pratiquement tous les candidats aux élections présidentielles de 2017, y compris le président élu, se sont déclarés favorables à un système électoral plus proportionnel, même si la formule utilisée,  « introduire une dose de proportionnalité », est extrêmement vague. Ce serait sans doute une piste à explorer plus sérieusement. L’ordre du calendrier électoral en serait une autre. L’important est de lancer un débat, maintenant que la période électorale est – presque – terminée et de faire en sorte que ce débat dépasse les intérêts particuliers de certains partis. Les résultats électoraux décevants pour les partis qui ont historiquement dominé la vie politique de la 5ème République ouvrent à ce titre une opportunité sans doute unique. Espérons que la nouvelle majorité la saisisse. 

Emiliano Grossman



lundi 5 juin 2017

Pourquoi tant de candidats aux élections législatives ? (2) Déterminants au niveau de la circonscription

Suite au billet d'Abel François de la semaine dernière, je reviens ici rapidement sur les déterminants potentiels du nombre de candidats par circonscription. Le nombre de candidats varie de 7 candidats dans la 2e circonscription de Haute-Corse jusqu'à 27 dans la 9e circonscription des Français de l'étranger avec une moyenne nationale de 13,6 candidats. L'élection législative se caractérise également par la particularité d'un taux exceptionnel de députés qui ne se représentent pas : 225, c'est à dire près de 40 pour cent des députés élus en 2012 ont choisi de ne pas se représenter. Ces deux facteurs devraient converger pour faire de la future chambre, la 15e, une des plus "nouvelles" de l'histoire de la 5e République (voir à ce titre notre article sur les caractéristiques des députés au cours de la 5e). 

Nous utilisons ici les données publiées par le ministère de l'intérieur concernant les listes arrêtées des candidats par circonscription. Ces données concernent une série d'informations concernant les sortants et les 7881 candidats dans les 577 circonscriptions.


Le graphique ci-dessus explore un premier aspect pouvant expliquer le nombre de candidats. On regarde le nombre moyen de candidats selon que l'élu sortant faisait partie du groupe socialiste, du groupe UMP ou d'un autre groupe et qu'il se représente ou pas. 
Le principal résultat est qu'il n'y pas de relation forte entre la couleur du sortant et le nombre de candidatures. La lourde défaite du candidat socialiste aux présidentielles ne semble donc pas être la principale (ou la seule) source de la multiplication des candidats, que le sortant ce représente ou pas. On constate juste que le nombre candidatures est légèrement plus élevé quand le sortant ne se représente pas, notamment s'il ne faisait pas partie d'un des deux principaux groupes parlementaires. 

Au vu de ces effets faibles, nous regardons un peu plus dans le détail les candidatures en fonction de la couleur politique du sortant et de la couleur des candidats déclarés. A ce titre, ce second graphique montre des différences importantes entre les candidats de gauche et de droite. Nous avons ici grossièrement regroupé les candidatures selon des "familles" politiques, à savoir la "gauche", la "droite" et les autres, qui comprend, notamment, les candidats de la "République en marche". Ce groupe ne se distingue pas particulièrement, d'ailleurs, si ce n'est qu'il se présente plus souvent dans les circonscription où le sortant était déjà un "autre", c'est-à-dire, en général un candidat centriste.

A droite, on a assisté à une multiplication des candidatures, à quelques défections vers la "République en marche", mais aussi à quelques candidatures dissidentes, comme dans la 2nde circonscription de Paris. Cependant, le nombre de candidatures à droite - en incluant le FN - tournent autour de 3 et demi, autour de 4 quand il n'y a pas de sortant. Malgré les tensions qui ont suivi la défaite au premier tour et les appels du pied du nouveau président, le leadership des Républicains semble avoir réussi à éviter une dispersion trop important de son camp.

C'est à gauche que la débâcle du PS et les dissensions entre le PC et la France insoumise ont créé plus de nouvelles vocations et rendu difficile les accords pré-électoraux. Entre PS, écolos et extrême-gauche on observe en moyenne entre 4 et demi et presque cinq candidatures concurrentes par circonscription. De manière significative, le nombre de candidatures est le plus élevé quand la circonscription était tenu par un député PS qui se représente. 

Quelle conclusions tirer de ces informations ? Au-delà de la question du taux de renouvellement peut-être inouï, mentionné en introduction, il y a sans doute également une certaine incertitude quant aux résultats. Selon nombre de sondages, une fraction importante des électeurs français serait disposée à donner une majorité au nouveau président pour lui permettre de mettre en oeuvre son programme politique. Cela étant dit, au vu du nombre de candidatures, du nombre de candidats nouveaux et inconnus, ainsi que de l'affichage souvent ambigu - on trouve souvent plusieurs candidats se réclamant de la "majorité présidentielle", les jeux ne sont sans doute pas fait. La fin de campagne risque d'être cruciale pour les résultats du premier et du second tour.


Emiliano Grossman



jeudi 25 mai 2017

Pourquoi tant de candidats aux élections législatives ?

La liste des candidatures officielles aux prochaines élections législatives vient d'être publiée. Elle contient 7 881 candidats pour les 577 circonscriptions françaises, et 7 354 candidats si on se concentre sur les 555 circonscriptions de métropole.
Comparativement aux élections précédentes, ce nombre de candidats repart à la hausse (voir tableau) après avoir connu un maximum en 2002 et un creux en 2012.
Bien évidemment, la victoire du candidat d'un nouveau parti à la présidentielle ainsi que l'élimination au premier tour des deux grands partis traditionnels français (PS et LR), qui engendrent une redéfinition politique profonde, peuvent expliquer ce regain de candidature. Pour autant, on peut se demander pourquoi y a-t-il autant de candidats en France à chaque élection législative ? Nombres qu'aucune autre démocratie n'atteint et fortement en augmentation depuis la fin des années 80.


élections législatives
nb de candidats
nb de circonscriptions
Candidats par circonscriptions
nb candidats sans dépenses (%)
1988
2 788
555
5,02
-
-
1993
5 139
555
9,26
177
(3,44)
1997
6 214
555
11,20
1 219
(19,62)
2002
8 221
555
14,81
1 758
(21,38)
2007
7 416
555
13,36
2 487
(33,54)
2012
6 158
539
11,42
2 692
(43,72)
2017
7 354
539
13,64


Les circonscriptions sont celles de la métropole et de Corse et à l’exclusion des français de l’étranger pour 2012. Il n‘y a pas de comptes de campagne publiés pour 1988.


La réponse est fort simple, c'est en très grande partie le résultat des modalités du financement public des partis politiques français ! 
Les organisations partisanes françaises sont depuis le début des années 1990 en partie financées par des subventions publiques, dont les modalités de distribution dépendent pour la moitié des résultats obtenus aux élections législatives. Alors qu'une moitié est attribuée en fonction des parlementaires (Sénat et Assemblée Nationale) rattachés chaque année à l'organisation, la seconde moitié dépend des suffrages récoltés par ses candidats lors du premier tour des dernières élections législatives. La condition pour y prétendre est que le parti présente 50 candidats dans 50 circonscriptions différentes (la règle pour les partis des DOM TOM diffère) et qu'il obtienne au moins 1% des suffrages. Le montant est ensuite minoré en fonction du respect de la parité homme-femme parmi ses candidature candidatures. En 2017, la somme partagée entre les partis était d'environ 28,5 millions d'euros.

Il existe donc une très forte incitation financière pour les partis à multiplier les candidatures afin d'accroître leur financement public grâce aux voix collectées. De plus, comme la somme à partager est fixe plus vous recueillez des suffrages et plus vous réduisez ceux des autres partis. On voit bien ce lien dans l'évolution du nombre de candidat dans le temps. Avant la mise en place du dispositif (1988), il y avait en moyenne 5 candidats par circonscription, au fur et à mesure de son instauration, leur nombre augmente jusque quasiment 15 candidats en 2002. En 2003, la loi est modifié avec un durcissement des conditions, résultat : le nombre diminue aux deux élections suivantes.

Ces candidats motivés par l'aspect financier sont rarement actifs durant la campagne électorale : on parle même de "candidats fantôme" puisque parfois leur présence sur la circonscription se résume à un déplacement pour signer et déposer la déclaration de candidature à la préfecture. En effet, ces candidats savent pertinemment que leur chance d'élection est infime et qu'ils ne servent qu'à accroître le financement de leur parti ; ils ne s'investissent alors pas dans la campagne électorale ; ce qui se traduit par des niveaux de dépense électorale nuls. On observe ainsi (tableau) que la part des candidats sans dépense électorale parmi l'ensemble ne cesse d'augmenter et représentait 44% des candidats en 2012.

Par ailleurs, cet élément financier fait entièrement partie des négociations d'investiture entre partis au sein d'une même coalition : à quel parti le candidat commun sera-t-il financièrement rattaché, et comment estimer et compenser la perte financière pour l'autre parti(e) ? En conséquence, les candidatures et investitures communes s'accompagnent toujours d'un volet financier prenant la forme de transferts monétaires entre les contractants.
Cela peut expliquer pourquoi certaines ententes peuvent capoter. Par exemple, la dimension financière a très certainement pesé dans le choix de Debout la France de rompre l'entente nouée entre les deux tours de l'élection présidentielle avec le FN qui comprenait un volet sur les législatives. De même, les difficultés de parvenir à un accord entre le PCF et la France insoumise a nécessairement une dimension financière.

Abel François

mercredi 10 mai 2017

Reports, abstentions et l'avenir de la compétition politique en France

L’élection présidentielle est terminée. Plutôt que d’y mettre fin, elle semble ouvrir une période d’effervescence et de restructuration du système partisan français. On l’a dit et répétée : la victoire d’Emmanuel Macron met fin au règne des deux « blocs » qui ont dominé la vie de la 5e République quasiment depuis ses débuts. On annonce la mort du Parti socialiste, le leader désigné des Républicains met en garde les membres de son parti à propos de tentatives de rapprochement avec le nouveau président. Enfin, la déception dans l'entourage de Marine Le Pen, malgré un résultat historique, a culminé avec le retrait de la vie politique de sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen.

Le contexte politique présente ainsi un degré de fluidité et d'instabilité qu'on ne lui avait pas connu de longue date en France, même s'il est vrai que les changements de noms et la création de nouveaux partis y est bien plus courante que chez la plupart de nos voisins. Le comportement de vote lors des prochaines élections législatives jouera, bien sûr, un rôle central dans la refonte partisane qui s'annonce.

On a assisté à des débats interminables sur l'absence de consigne de vote claire de la part du candidat de la France insoumise, ainsi que sur le ralliement de Nicolas Dupont-Aignan à Marine Le Pen entre les deux tours. Les autres candidats majeurs ont appelé plus ou moins clairement à voter pour Emmanuel Macron au second tour.

Le graphique ci-dessous est réalisé à partir du sondage Ifop/Fiducial, administré au cours de la journée du 7 mai auprès d'un échantillon de 2 470 personnes par questionnaire en ligne. Il permet de répondre à un certain nombre de questions liées au résultat du second tour de l'élection présidentielle.


Ce qu'on peut dire à ce stade

L'essentiel des gains de voix de Marine Le Pen vient de la droite. Près d'un quart des électeurs de François Fillon, c'est-à-dire environ 6 pour cent des électeurs du premier tour (soit 1,7 millions d'électeurs), se sont reportés sur Marine Le Pen. Cela représente plus de la moitié des gains de l'entre-deux-tours. Il faudra sans doute mieux étudier la porosité croissante entre l'électorat de droite et celui d'extrême-droite, mais les mobilisations contre le mariage pour tous pourraient être à l'origine d'un rapprochement durable sur certaines dimensions culturelles.


A cela s'ajoutent les reports de voix des électeurs de Nicolas Dupont-Aignan, qui sont de l'ordre de 46 pour cent selon le sondage Ifop, c'est-à-dire environ 2 pour cent des voix exprimées au premier tour et un peu moins de 700 000 voix.

Ensemble, les reports de voix des électeurs Fillon et de Dupont-Aignan représenteraient, ainsi, près de 80 pour cent des gains de la candidate d'extrême-droite entre les deux tours.

Les reports de voix depuis la gauche vers Marine Le Pen restent faibles, au total. Toujours selon le sondage de l'Ifop, 14 pour cent des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour se sont reportés sur Marine Le Pen au second tour, c'est-à-dire près d'un million de voix. S'ajoute à cela quelque 4 pour cents des électeurs de Benoît Hamon qui se seraient reportés sur Marine Le Pen, c'est-à-dire moins de 100 000 électeurs.

L'ensemble de ces reports représentent plus que les gains effectifs, mais sans accès aux données brutes, il est difficile d'en dire plus. Il reste que ce sondage est convergent avec d'autres sondages réalisés le jour du second tour et que les ordres de grandeurs semblent similaires.

Pour ce qui est des abstentions, c'est les électeurs de Mélenchon qui ont le plus choisi cette voie - près d'un tiers, suivis de ceux de Fillon (26 %). Les reports en faveur d'Emmanuel Macron ont été similaires chez les électeurs de François Fillon (51 %) et Jean-Luc Mélenchon (54 %) et massifs parmi ceux de Benoît Hamon (79 %).


Des questions en suspens

Les vraies restructurations, à gauche notamment, semblent s'être faites avant le premier tour de l'élection présidentielle. A ce titre, il serait important de comprendre comment les électeurs de François Hollande en 2012 se sont répartis en 2017. Le plus probable est qu'ils se soient partagés, pour l'essentiel, entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, dès le premier tour.

Pour ce qui est de l'extrême droite, elle continue à bien porter son nom. L'essentiel de ses gains vient d'électeurs de droite, mais, là aussi, des données de panel ou des enquêtes post-électorales, devraient permettre d'y voir plus clair. A ce titre, il est intéressant de constater que le programme économique plutôt libéral d'Emmanuel Macron ne permet pas de compenser pour ses positions culturelles plus progressistes aux yeux d'une grande partie de l'électorat de droite. Il faudra aussi mieux comprendre les mouvements entre extrême-gauche et extrême-droite. Si ces flux semblent être loin d'expliquer l'essentiel des restructurations en cours, il faudra néanmoins les étudier dans le détail. La politique des deux axes continue de transformer l'électorat français, l'axe gauche-droite est de plus concurrencé par d'autres dimensions de la compétition politique et cette élection va sans doute confirmer cette tendance.

Par ailleurs, il sera intéressant de comprendre, dans quelle mesure les jugements sur le bilan économique du quinquennat de François Hollande ont été déterminants dans la décision de vote. Habituellement très importante, cette dimension semble être moins décisive dans un contexte d'échecs répétés, à gauche et à droite, à redresser l'économie, à combattre le chômage ou à diminuer la dette.

Enfin, comme à chaque élection, le rôle des médias a été pointé du doigt par les candidats et nombre d'observateurs. Le "buzz" autour d'Emmanuel Macron serait à l'origine de la montée en puissance fulgurante du candidat, inconnu du public il y a encore deux ou trois ans. Si, comme à chaque élection, ce type d'argument est sans doute à relativiser, il y a là sans doute matière à une étude plus sérieuse.

Emiliano Grossman



jeudi 12 novembre 2015

Les intellectuels de gauche, c’est comme le sucre dans le lait chaud, ils sont partout mais on ne les voit pas (plus)!

Le débat sur les « intellectuels réactionnaires » a resurgi récemment dans la presse. Par exemple, dans une tribune dans Libération, intitulée « Intellectuels de gauche : ‘Mais où sont-ils ?’», Sandra Laugier part du principe qu’effectivement, les intellectuels ne sont plus de gauche. Du moins ceux qu’on voit dans les medias.
Nos travaux permettent de contredire cette idée d’un passage à droite de l’intelligentsia à partir d’une enquête menée en 2011 auprès des enseignants-chercheurs et chercheurs en poste en France. Cette enquête en ligne, nous a permis de récolter des informations sur les opinions et attitudes concernant plusieurs dimensions pour environ 2000 enseignants, chercheurs des universités et établissements d’enseignement supérieur ou de recherche. Les résultats, portant sur la science, la religion, la politique ou l’économie, viennent de paraître aux éditions PUG sous le titre« Que pensent les penseurs » ?.

Les faits
Nous nous contenterons ici de présenter quelques résultats concernant les attitudes politiques des universitaires, et avançons que les intellectuels de gauche – du moins dans l’enseignement supérieur et la recherche – sont bien massivement présents.

Gauche. Sur la canonique échelle d’auto-positionnement sur l'axe gauche-droite (qui va de 1 = extrême gauche à 10 = extrême droite), les universitaires se positionnent à 3,8 en moyenne, alors que les Français en général, selon les enquêtes, se positionnent autour de 5 (entre 4,9 et 5,1). De plus, toutes les disciplines universitaires se positionnent plutôt à gauche, avec des moyennes qui vont de 2,8 (sciences du langage et sociologie) à 4,4 (chimie, droit et littérature). Autrement dit, même dans les disciplines les plus à droite, la gauche est plus présente que chez les ouvriers (4,7), les chômeurs (4,9) ou les fonctionnaires (4,6) en général.


Nationalisations. Sur une échelle où 1 signifie qu’il faudrait développer la propriété privée des entreprises et des industries et 10 qu’il faut nationaliser les entreprises et les industries, les universitaires sont, en moyenne, plutôt favorables aux nationalisations (5,9), alors que leurs compatriotes non universitaires se situent à 4,9. Seuls les économistes semblent apprécier d'avantage les privatisations, mais ils restent tout de même légèrement plus hostiles aux privatisations que la population dans son ensemble.
Révolution. 23% des universitaires pensent qu’il faut changer radicalement toute l’organisation de notre société par une action révolutionnaire, alors qu’ils sont 16% dans la population française. Si on compare avec le pourcentage des personnes les plus désavantagées, ce pourcentage s’élève à 19% chez les ouvriers, 16% chez les précaires, 16% chez les immigres. Seuls ceux qui ont expérimenté plus de 3 ans de chômage affichent des scores comparables à ceux des universitaires (24%). À noter, à l’inverse, que si 14% des français pensent qu’il faut défendre notre société contre tous les changements, ils ne sont que 1% chez les universitaires.

Injustice. Lorsqu’on demande « Pourquoi y a-t-il en France des gens qui vivent dans le besoin ? », 77% des universitaires (contre 44% des Français en général) pensent que c’est parce qu’il y a beaucoup d’injustice dans notre société, plutôt que par manque de chance ou mauvaise volonté. Ici encore, aucune autre catégorie sociale ne se concentre autant autour de cette réponse.

Rejet de la responsabilité individuelle. Dans la population générale, 49% des gens adhèrent à l’idée libérale selon laquelle les individus, et non l’Etat, devraient avoir davantage la responsabilité de subvenir à leurs besoins. Ce pourcentage descend à 12% chez les universitaires.

Les explications

Ces faits étant établis, on peut par la suite se demander pourquoi les universitaires affichent une sensibilité aussi marquée à gauche. Quatre grandes explications ont été proposées.
Premièrement, les universitaires pourraient être issus de familles de gauche. On considère, par exemple, que les familles de gauche valorisent plus la culture que l’argent, ce qui pousse leurs enfants à embrasser des professions valorisées plutôt en termes de capital culturel. Nous avons alors tout simplement demandé aux interviewés de placer sur l’échelle gauche-droite leurs parents. Il s’avère que la moyenne de placement des parents des enquêtés (5,1 les pères et 5,3 les mères) est très proche de celle de la population française générale, et même, en moyenne, plus à droite que la population au début des années 80. Aucun indice, par conséquent, ne confirme un biais de sélection chez les personnels universitaires.
Une deuxième théorie avance que, par rapport à leur niveau de diplôme, les universitaires sont faiblement rémunérées. Pour cette raison, ils s’identifient aux classes plutôt désavantagées. Cette idée est également peu congruente avec ce que l’on observe. D’une part, le positionnement sur l’axe gauche-droite des personnes très diplômées mais faiblement rémunérées est bien moins marqué que ceux des universitaires (entre 4,5 et 4,8). D’autre part, les universitaires plus riches ne sont pas moins à gauche que les universitaires les plus pauvres. C’est même plutôt le contraire : ceux qui ont les revenus les plus élevés ou les statuts les meilleurs sont légèrement plus à gauche que les autres enquêtés.
Une troisième théorie soutient que c’est la pratique de la science qui rend les universitaires de gauche. Les indices en faveurs de cette idée sont également faibles : les chercheurs ne sont pas plus à gauche que les enseignants-chercheurs qui, à leur tour, ne sont pas plus à gauche que ceux qui ne font que de l’enseignement. Ceux qui appartiennent à des disciplines où la méthode scientifique est moins présente (Lettres, langues ou droit) sont, il est vrai, un peu moins de gauche, mais les plus scientifiques (physiciens, chimistes, astronomes) sont également un peu moins de gauche que la moyenne. Enfin, ceux qui croient à la science comme unique source de connaissance ne sont pas plus à gauche que ceux qui n’y croient pas.
Enfin, une dernière théorie soutient que la réussite au sein de l’appareil étatique (scolarité brillante et haute fonction publique) tend à orienter les individus vers la gauche. Lorsqu’on analyse, dans la population générale, les effets du niveau de diplôme et du statut de fonctionnaire sur le positionnement politique, on prédit un auto-positionnement sur l’échelle gauche-droite de 3,91, soit très proche du score moyen affiché par les universitaires. En outre, les universitaires affichent des opinions très fortement favorables à un État fort, alors qu’ils sont relativement moins sensibles aux thèses égalitaristes ou libertaires. Par exemple, 58% d’entre eux souhaitent que les entreprises recrutent leurs cadres sur concours et 74% souhaitent que ce soient les autorités locales qui se chargent de distribuer les biens qui deviennent rares.

Au final, on peut rendre justice aux faits : les intellectuels – au moins à l’université – se situent bien toujours massivement à gauche. Mais cela n’est pas le plus surprenant, puisque cela est vrai hier comme aujourd’hui et en France comme aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Si glissement à droite il y a, il concernerait plutôt les intellectuels les plus médiatiques ou définis comme intellectuels par la presse écrite. Mais le plus intéressant, à notre avis, c’est de se demander pourquoi c’est le cas?