vendredi 18 avril 2014

Le gouvernement Valls : un gouvernement « normal » ?

A la suite de la défaite du PS aux dernières élections municipales, nous avons assisté à un changement de Premier Ministre et de gouvernement. Ces changements ont donné lieu tant à une opération de communication gouvernementale, autour du terme de « gouvernement de combat », qu’à une activité intense de commentaires. Les éléments mis en avant et les questions tournées autour de l’absence, ou non, d’un véritable renouveau parmi les ministres, de la taille du gouvernement de son caractère resserré ou non, et sur le refus d'Europe-Ecologie/Les Verts (EELV) de participer se traduisant par l’absence de cette composante aux côtés du PS et du PRG. Pour y voir un peu plus clair, pour se libérer des éléments de communication et prendre de la profondeur vis-à-vis des commentaires, cette note propose de mettre en perspective le gouvernement Valls avec les pratiques gouvernementales de la 5ème république. Nous nous concentrons en particulier sur cinq aspects du nouveau gouvernement : sa taille, le rapport entre les ministres et les ministres sous tutelle, la place du parti leader de la coalition gouvernementale, l’expérience accumulée de ses membres et la proportion de députés en son sein. Concernant la taille, il apparaît que le gouvernement de Manuel Valls se situe nettement en dessous de la moyenne au moment des investitures, y compris avec les nominations des 14 secrétaires d’État qui ont suivi le discours d'investiture du Premier Ministre quasiment une semaine après la nomination des ministres. Ce gouvernement comporte 4 ministres de moins que la moyenne de l’ensemble des gouvernements de la 5ème. Avec 30 membres, il est le 12e gouvernement le plus petit de la 5e République, mais il est l’un des plus petits à gauche, et même plus précisément le 2e le plus petit après le gouvernement Jospin. En effet, les gouvernements de gauche sont en moyenne nettement plus grands que les gouvernements de droite. Donc concernant la taille, c’est surtout par rapport à la pratique des coalitions de gauche que se distingue Manuel Valls, plutôt que vis-à-vis de la pratique générale.
Si l’on distingue les ministres (ministres d’État et ministres) des sous-ministres (ministres délégués, ministres auprès, secrétaires d’État et hauts commissaires), il est possible de scruter leur répartition au sein des gouvernements. La répartition dans le gouvernement de Manuel Valls est très équilibrée, les ministres représentant 53% des membres à un niveau équivalent des gouvernements de Jean-Marc Ayrault, Lionel Jospin et Pierre Mauroy. Si la conséquence est que le nouveau gouvernement se situe dans la moyenne, il se distingue des autres gouvernements de François Mitterrand, qui comportaient une proportion plus grande de sous-ministres.
Regardons ensuite le ratio du nombre de ministres du principal parti de gouvernements (celui du Premier ministre) rapporté au nombre de ministres issus des partis soutiens de la coalition au pouvoir. Pour seulement deux cas dans l'histoire de la 5e République, le parti du Premier ministre ne détenait pas la majorité des portefeuilles (rapport inférieur à 1). Le premier est celui du gouvernement de Jacques Chirac sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing (1974-1976). Étant donné l'appartenance à différents partis du Président et du Premier ministre, cela ne semble guère étonnant. Plus surprenant, sous le gouvernement d'Edouard Balladur (1993-1995), les ministres issus de l'UDF et du Parti Républicain avaient une légère majorité de portefeuilles par rapport à leur partenaire du RPR. Dans tous les autres cas, le parti du Premier Ministre détient la majorité des ministères.
Dans le gouvernement de Manuel Valls, le PS est très largement majoritaire avec un rapport de 6,5 ministres PS pour 1 ministre non PS, le PRG en l’occurrence. Cela le place en-dessous de la moyenne, mais aussi en-dessous du gouvernement Ayrault ; et ce, malgré le départ des ministres EELV. Les deux se situent très loin des principaux gouvernements quasiment mono-partisans du quinquennat de Jacques Chirac, mais aussi du gouvernement Fillon 3. Pour rappel, ce gouvernement sonnait le glas de la volonté d' « ouverture » qui avait marqué les gouvernements Fillon 1 et 2, face à l'impopularité croissante de l'exécutif. Le PS, au sein du gouvernement de Manuel Valls, est moins hégémonique que dans tous les gouvernements de François Mitterrand, en particulier durant son second septennat. À deux exceptions près : les deux derniers gouvernements de Pierre Mauroy, qui comportaient une part importante de communistes, et dont le gouvernement de Manuel Valls est assez proche (rapport de 6 contre 6.5), et le gouvernement de Lionel Jospin qui rassemblait plus de partis (communistes, PS, PRG, écologistes). Le départ des écologistes du gouvernement ne s’est donc pas traduit par un renforcement de la domination du parti leader, le PS, du moins sur le plan comptable.
En ce qui concerne la proportion de députés, c’est-à-dire de membre élus dans la législature en cours, le gouvernement de Manuel Valls, encore une fois, se situe très près de la moyenne : 67% des membres sont issus de l’Assemblée nationale contre 66% en moyenne. Dit autrement et de manière traditionnelle, tant à gauche qu’à droite, le gouvernement de Manuel Valls s’appuie largement sur les députés de sa majorité afin d’obtenir une assise parlementaire (il est à noter qu’un certain nombres des ministres proviennent du Sénat). Dernière caractéristique explorée, l'expérience préalable des ministres, mesurée par le nombre de postes ministériels occupés par chaque ministre antérieurement à sa nomination. Là encore, le gouvernement de Manuel Valls se situe dans la moyenne. Comme pour la part des députés, cette mesure peut servir d'indicateur de l'indépendance des ministres vis-à-vis du chef de l'exécutif, que ce soit le Premier ministre ou le Président. En effet, un ministre expérimenté aura ses propres appuis politiques, alors qu'un ministre « d'ouverture » sera entièrement dépendant du bon vouloir du chef de l'exécutif pour rester en poste. On peut également supposer que cette expérience est profitable quant à la gestion publique et à la coordination interministérielle.
En conclusion, sur les cinq caractéristiques que nous avons détaillées, le gouvernement de Manuel Valls se situe largement dans la moyenne des précédents gouvernements, même si du fait de sa taille il se différencie plutôt des dimensions habituelles des gouvernements de gauche. Il ne s’agit donc en aucun cas d’un gouvernement de rupture quant à ses propriétés. Pour autant, ces informations ne nous permettent pas d’envisager la fortune future de ce gouvernement en ce qui concerne sa popularité future, sa capacité à obtenir un soutien politique à l’Assemblée Nationale, ou sa durée. En effet, le format du gouvernement et les choix de l'exécutif concernant les ministres n'ont quasiment aucune influence sur ces éléments de résultat.

Abel François et Emiliano Grossman

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lundi 14 avril 2014

L’immigré selon l’UMP : un incompétent assisté


Pris comme un groupe, les immigrés peuvent faire peur pour deux raisons opposées.

D’une part, ils peuvent être vus comme des gens disposés à travailler dur pour de faibles revenus et qui concurrencent le travailleur local. Cette concurrence prive les français de leur emploi ou, du moins, contribue à leur baisse de revenu. L’immigré fait peur parce qu’il est un bosseur acharné.

D’autre part, l’immigré peut être vu comme bien moins concurrentiel que le travailleur français, peu qualifié, et destiné à vivre des allocations pour pouvoir survivre. Cet immigré là est mal vu parce qu’à l’inverse du premier, il vide la caisse de la sécurité sociale. Il fait peur parce qu’il est, disons, paresseux.

Qu’il soit vu comme travailleur ou glandeur, l’immigré, donc, inquiète. Or, cette inquiétude a des effets psychologiques sur l’opinion de nos concitoyens sur la protection sociale, notamment la protection contre le chômage ou la pauvreté.

Une estimation multivariée sur 3000 français montre que ceux qui voient les immigrés comme paresseux ou peu qualifiés, souhaitent davantage réduire la protection sociale, alors que ceux qui les voient comme dangereusement compétitifs veulent au contraire accroître cette protection. La relation statistique se maintient que l’on soit de droite ou de gauche, égalitaristes ou non, et quelque soit l’âge, le sexe et autres caractéristiques démographiques et professionnelles.

L’explication est simple : lorsque nous avons peur de perdre face à la concurrence, nous souhaitons être davantage protégés. En revanche, lorsque nous gagnons, nous ne voulons pas payer pour ceux qui ont perdu. Lorsqu’on connait la raison pour laquelle la peur des étrangers se développe, on sait dans quelle direction ira l’attitude envers la protection sociale.

Aux Etats-Unis, par exemple, la propagande qui a visé à décrire les populations noires comme fondamentalement pauvres parce que peu travailleuses, a poussé les américains blancs à rejeter le système de protection sociale. A l’inverse, la propagande anti-juive des années ’30, décrivait les juifs comme très concurrentiels et, pour cette raison, a produit en Europe une attitude favorable à la redistribution même chez les partis de droite.

Qu’en est-il en France aujourd’hui ? La tendance est actuellement défavorable à la protection sociale : 54% des français tendent à voir les immigrés plutôt comme un poids pour la sécurité sociale, alors que seulement 16% les voient plutôt comme prenant les emplois des français (le reste ne manifeste pas de préférence). Y a-t-il un effet de propagande partisane dans un sens ou dans l’autre ?

Prenons ceux qui pensent plutôt que les immigrés prennent le travail des français. Par rapport aux autres, ils sont généralement plus jeunes, moins diplômés, habitant dans des départements ruraux et avec des taux de chômage élevés. Politiquement, ils tendent à ne pas voter. Votent-ils pour le FN ? Non, pas plus que les autres. Ou plutôt : le fait d’avoir peur des immigrés est fortement associé au vote FN, mais la raison pour laquelle on a peur ne l’est pas. Il n’y a donc pas de traces de propagande qui alimente la peur de la compétition des migrants, d’autant plus qu’elle touche une population particulièrement peu exposée aux médias. Le facteur qui explique le mieux cette peur est la vulnérabilité économique.

Prenons maintenant les caractéristiques de ceux qui pensent que les immigrés profitent de la sécurité sociale. Plus instruits et informés politiquement que les précédents, ces personnes se caractérisent surtout par leur proximité à l’UMP. En d’autres termes, l’UMP est le seul parti français dont les électeurs ont un diagnostic précis sur les immigrés : ils sont peu qualifiés, peu compétitifs et bénéficient des généreuses allocations publiques.

Doit-on voir là un effet de la propagande de l’UMP ou, au contraire, ces électeurs qui voient des immigrés paresseux sont simplement attirés par l’UMP ? Deux éléments penchent en faveur de la première thèse. Ils sont basés sur l’idée que les phénomènes de propagande se diffusent du haut vers le bas à travers deux canaux : les militants et les discours ou programmes politiques.

Premièrement, s’il s’agit de propagande, les militants de l’UMP devraient être encore plus marqués que les simples sympathisants dans leur vision des immigrés. Les militants sont en effet l’une des voix par lesquelles un parti diffuse ses positions. Or, précisément, contrairement aux militants des autres partis qui ne diffèrent pas significativement des simples sympathisants sur la question de la compétitivité des immigrés, les militants  de l’UMP sont encore plus enclins à croire que les immigrés sont peu compétitifs que les simples sympathisants de l’UMP qui, comme je l’ai dit, sont à leur tour plus convaincus par ce diagnostic que tous les autres.

Deuxièmement, une analyse qualitative des programmes politiques en 2007 et 2012 montre que l’UMP aborde le problème des immigrés uniquement sous l’angle de leur faibles compétences et leur poids sur les dépenses de protection sociale. En revanche, dans les programmes socialistes, communistes, écologistes, ainsi que dans ceux du Modem, le thème de l’immigration n’est jamais lié à celui de la protection sociale ni à celui du chômage. Enfin, le programme du FN fait bien référence à la « préférence nationale » pour défendre les travailleurs français contre les immigrés, mais aussi à des formes de « redistribution chauvinistes », revenant à limiter l’accès des immigrés aux transferts sociaux, pour attirer les contribuables qui refusent de payer pour les immigrés. L’UMP est donc bien le seul parti qui aborde le problème de la sécurité sociale, mais pas celui de la concurrence dans le marché des emplois.

Ces éléments suggèrent que l’UMP porte bien un discours sur les immigrés qui, sans être clairement hostile comme celui du FN, donne une vision de l’immigré qui est psychologiquement associée à un rejet de la redistribution. Ce même discours, porté vraisemblablement par des partis de droite dans les pays occidentaux, contribue à développer un rejet de la taxation. Du coté des partis de gauche français, en revanche, la corde redistributive de la xénophobie n’est pas exploitée, contrairement à la gauche québecoise ou suèdoise qui a largement utilisé le thème de la protection du travailleur local face à une immigration concurrentielle.


Ce billet se base sur l’article « Immigration etsoutien à l’État providence. Une analyse de l’opinion publique française » paru dans la Revue d’économie politique.
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vendredi 11 avril 2014

Bilan des élections municipales françaises de 2014 dans les villes de + de 9.000 habitants


Cette note propose un bilan des élections municipales de 2014 pour 1052 villes de plus de 9.000 habitants de France métropolitaine[i]. Elle actualise et complète deux précédentes analyses des résultats portant spécifiquement sur le premier tour du scrutin[ii]. De prime abord, le nombre de villes prises en compte peut paraître limité. Cependant, en observant les résultats électoraux dans l’ensemble des villes de plus de 9.000 habitants, cette note couvre en fait 50% du corps électoral français (soit 19,8 millions d’électeurs inscrits), et exclut les villes dont la compétition électorale est davantage déconnectée de la vie politique nationale.
Par ailleurs, nous avons pris soin de distinguer les résultats électoraux par strate de villes (ou secteurs et arrondissements) : celles comprises entre 9 et 30.000 habitants (782), 30 et 100.000 habitants (220) et au-delà de 100.000 habitants (50). Ce découpage permet de rendre compte d’une partie de l’hétérogénéité des situations urbaines et périurbaines.
Enfin, pour saisir l’ampleur de la défaite des listes de gauche, nous avons privilégié une approche statistique descriptive la plus exhaustive possible.

La situation avant le premier tour
En mars 2008, les élections municipales s’étaient soldées par une nette victoire de la gauche, exprimant un fort vote sanction contre le Président Sarkozy et le gouvernement Fillon, aux affaires depuis neuf mois. Cette dynamique avait porté la gauche à son plus haut niveau historique en termes de mairies depuis les municipales de 1977 : à l’issue des élections de 2008, elle se retrouvait à la tête de 53% des villes de plus de 9.000 habitants, contre 63% en 1977 (506 villes). A l’intérieur de la gauche, le mouvement avait quasi exclusivement profité au PS, qui s’était imposé comme le principal réceptacle du mécontentement des électeurs. Ainsi, à la veille des élections des élections de mars 2014, le PS dirigeait 70 % des mairies de plus de 30.000 habitants détenues par la gauche, contre 67 % à l’issue des municipales de 1977, 52 % à l’issue des municipales de 1983, 58 % après les municipales de 1989, 55 % après les municipales de 1995 et 62 % après les municipales de 2001.


La situation à l’issue du premier tour
A l’issue du premier tour des élections de 2014, les premiers signes d’une sanction de grande ampleur avaient été perceptibles. Parmi les 1052 villes, 485 équipes avaient été élues dès le premier tour (dont 19% conduites par l’UMP et 12% par le PS). Les basculements à gauche s’étaient limités à 7 villes (St-Egrève, Bruges, Vire, St-Just-Saint-Rambert, Seclin, Le Portel, Maxeville) contre 35 villes pour la droite, ces changements intervenant majoritairement dans les villes de moins de 30.000 habitants, où l’offre électorale était moins dense. Les listes de droite étaient néanmoins parvenues à conquérir cinq villes de plus de 30.000 habitants, dont deux dirigées par les socialistes depuis les années 1950 (Niort, L’Hay-les-Roses)
Mais surtout, le taux de reconduction des mairies sortantes laissait apparaître un net déséquilibre entre la gauche et la droite[iii] : la droite (UMP et UD) avait pu conserver 53% de ses mairies sortantes, contre seulement 16% à gauche (SOC, UG, COM). Résultat, sur les 567 villes de plus de 9.000 habitants qui restaient en jeu, 362 étaient détenues par la gauche contre 205 pour la droite. A la veille du second tour, la gauche était particulièrement exposée au mécontentement des électeurs.
Le graphique 1 permet de contraster le bilan en termes de mairies selon la taille des communes. Il fait apparaître un mouvement général en faveur de la droite dans toutes les strates.




Figure 1 : Basculements et maintiens au 1er tour




Le bilan des deux tours
A l’issue du second tour, le bilan est implacable : les élections municipales de 2014 marquent un revers retentissant de la gauche qui perd 196 municipalités de plus de 9.000 habitants, dont 60 de plus de 30.000 habitants. L’ampleur des basculements touche avant tout les listes sortantes d’Union de la Gauche (-99 municipalités), du Parti socialiste (-48) et les listes d’Union de la Droite (-55). Ce dernier résultat doit être lu au regard des jeux d’étiquette. En effet, un certain nombre de listes élues sous l’étiquette « Majorité » en 2008 se sont représentées en 2014 sous l’étiquette UMP et non Union de la Droite. Au final, les listes UMP et UD réalisent un gain net de 163 municipalités (figure 2).

Figure 2 : Basculements et maintiens en 2014 (1er et 2ème tours)


Si la gauche perd un nombre de significatif de villes de 9 à 30.000 habitants (136 communes), l’ampleur du phénomène est encore plus impressionnante pour la strate des villes de 30 à 100.000 habitants. En effet, lorsque la gauche gagne 2 municipalités (Douai et Avignon) sur la droite, la droite en conquiert 50 (dont des villes ancrées à gauche depuis plusieurs décennies comme Aubagne, Charleville-Mézières ou Pau).
Le bilan au sein des villes de plus de 100.000 habitants est tout aussi cruel pour la gauche, et notamment pour le PS. Excepté le cas de Montreuil, qui passe d’EELV au PCF, les pertes sont toutes essuyées par le PS, que ce soit vers des socialistes dissidents (Montpellier), vers EELV (Grenoble), vers l’UDI (Amiens), mais surtout vers l’UMP (Caen, Toulouse, Tours, Saint-Etienne, Angers, Reims, Limoges, Argenteuil). Le mouvement touche aussi bien ses bastions historiques (Limoges, Roubaix) que ses conquêtes plus récentes (Caen, Toulouse, Reims). Les victoires à Paris et Lyon ne sont pas l’arbre qui cachent la forêt, comme lors des élections municipales de 2001 : elles sont plutôt la bouée de sauvetage qui fait la différence entre une débâcle et un cataclysme.

Figure 3 : Evolution du rapport de force gauche/droite, 1977-2014


En se concentrant sur les villes de plus de 30.000 habitants, où le scrutin municipal est le plus politisé, le graphique 3 montre que la gauche revient à son plus bas niveau depuis 35 ans. Avec 83 villes dirigées (dont 20 par le Parti communiste), la gauche perd de son influence dans le réseau des villes moyennes de + de 30.000 habitants (solde de -48 villes) et les grandes villes de + de 100.000 habitants (solde de -9 villes).

Les flux entre la gauche et la droite sont presque à sens unique, mais il faut noter que les deux gains de la gauche sur la droite restent assurés par le PS, alors qu’il subit une débâcle historique sur l’ensemble du territoire. Comme l’indique le graphique 3 (pour les villes de + 30.000 habitants), jamais la gauche n’avait atteint un seuil si faible de villes gouvernées. Avec un bilan de 158 villes à son actif, la droite atteint non seulement un plafond historique mais réalise surtout une progression considérable (+53), encore plus importante que celle observée en 1983 (gain de 35 villes).

Au centre de toutes les attentions au soir du premier tour, l’extrême-droite gagne deux villes de plus de 30.000 habitants, égalant sa performance de 1995. Ses deux gains sont assurés sur la droite modérée (Béziers et Fréjus), exactement comme en 1995 (Marignane et Toulon). Dans la France urbaine, le redressement du FN correspond bel et bien à un retour à son plus haut niveau historique. Mais une nouvelle géographie des villes FN s’impose en 2014. Alors que ses victoires étaient concentrées dans le Sud-Est en 1995, le FN conquiert aujourd’hui des mairies dans le Pas-de-Calais (Hénin-Beaumont), l’Aisne (Villers-Cotterêts), les Yvelines (Mantes-la-Ville), la Moselle (Hayange), en plus du sud (Bollène, Fréjus, Le Luc, Cogolin, Le Pontet)[1].

Les flux au sein de la gauche ne sont pas négligeables, notamment du PS vers ses alliés et/ou concurrents. Les équipes investies par le PS sont battues par trois dissidences à La Rochelle, Montpellier et Dunkerque, confirmant que l’étiquette socialiste était difficile à porter lors de ces élections. Le PS cède également Aubervilliers au PCF et Grenoble à EELV, rappelant que sa domination au sein de la gauche n’est pas un état de nature. De son côté, le PCF poursuit son déclin inéluctable avec des pertes symboliques en région parisienne (Bagnolet, Bobigny, Villejuif).

L’évolution du rapport de force gauche/droite se mesure non seulement en nombre de basculements de villes mais aussi en nombre de voix pour chacun des grands blocs partisans. Ainsi, l’effet de la participation différentielle se concrétise par une plus forte baisse des voix de la gauche qu’une hausse des voix de droite. La différence est particulièrement sensible pour les villes de 9 à 30.000 habitants alors qu’elle devient symétrique pour les villes plus urbaines. Un phénomène plus net ressort : le recul des listes autonomes du centre (Modem, UC, UDI). 

Ecart Voix 2014 - 2008 (1er tour) / exprimés 2014

Total
9 - 30 000 hab.
30 - 100 000 hab.
 + 100 000 hab.
Gauche
-7,04%
-7,25%
-5,16%
-4,72%
Div. Centre
-6,49%
-3,28%
-7,90%
-10,66%
Droite
4,43%
3,76%
4,99%
4,93%
FN
7,54%
6,08%
8,38%
9,16%
Note : La gauche a perdu 7,04 points de pourcentage de voix des exprimés au 1er tour de mars 2014 par rapport à son score au 1er tour de 2008.

Enfin, pour la première de l’histoire des élections municipales, le nombre de duels au second tour ne concernait que 33% des scrutins. Ainsi, dans 381 municipalités, le nombre de listes ayant atteint au moins 10% des voix au 1er tour ont débouché sur 305 triangulaires, 74 quadrangulaires et 2 quinquangulaires. Face à cette situation inédite, la répartition des gains et pertes de villes ne révèle pas de distorsions politiques flagrantes. Globalement, la droite domine toutes les situations de second tour dans un ordre de grandeur semblable quelque soit le niveau de strate de population. En revanche, si l’on tient compte de l’ordre d’arrivée au premier tour, on observe que le PS gagne 25 villes lors de triangulaires alors qu’il arrivait en tête au premier dans 42 municipalités, soit un taux de déperdition de 40%. Les listes d’union de la gauche enregistrent un taux de déperdition de 21% (53 villes gagnées pour 67 ballotages favorables), 18% pour les listes UMP, seulement 5% pour les listes d’union de la droite (54 villes gagnées pour 57 ballotages favorables) et 43% pour les listes FN.

Figure 4 : Gains municipaux selon la structure du second tour

Dans le cas de quadrangulaires, le taux de déperdition est de 16% pour les listes d’union de la gauche, 0% pour les listes d’union de la droite, et 23% pour les listes divers droite.


Une mise en perspective historique
A la veille du second tour, l’existence d’une dynamique de sanction contre le Parti socialiste ne faisait plus de doute ; seule subsistait une interrogation sur son ampleur, avec le souvenir des élections municipales de 1983 en arrière-plan. La comparaison historique ne laisse planer aucun doute : la vague de 2014 est nettement plus puissante (Figure 3).
Le solde négatif de 162 villes de plus de 9.000 habitants est un record historique, qui dépasse de très loin le reflux de 78 villes enregistré en 1983. Il est également bien au-delà d’un simple mouvement de balancier suite à la nette victoire de 2008. Au fond, l’ampleur du mouvement en faveur de la droite n’a qu’un seul précédent depuis le début de la Cinquième République : la victoire écrasante de la gauche lors des municipales de 1977, les municipales de l’union de la gauche.
Au final, pour la première fois depuis l’accession de la gauche aux responsabilités nationales en 1981, la gauche ne contrôle plus que 38% des villes de plus de 9.000 habitants et 34 % des villes de plus de 30.000 habitants. Le paysage politique local subit un bouleversement impressionnant. La tenue des élections régionales de 2015 rend probable une nouvelle saignée bleue dans les 21 régions de métropole actuellement dirigées par la gauche si le vote sanction est toujours à l’œuvre pour ces nouvelles élections intermédiaires.


Martial Foucault et Florent Gougou 




[1] Les villes d’Orange et Béziers ont élu des maires d’extrême-droite et divers droite avec le soutien du Front National.




[i] Les arrondissements/secteurs de Paris, Lyon et Marseille sont traités comme une unité, en fonction de leur population respective.
[ii] Martial Foucault. 2014. « Bilan du 1er tour des élections municipales dans les villes de + de 9.000 habitants », Note du CEVIPOF, http://www.cevipof.fr/electionsmunicipales2014/notes/.  Florent Gougou. 2014. « Le bilan du premier tour des élections municipales dans la France urbaine : les signes avant-coureurs d’une sanction de grande ampleur », http://slowpolitix.blogpost.fr
[iii] Cette note utilise les étiquettes fournies par le Ministère de l’Intérieur. Elles souffrent de nombreuses imprécisions, voire d’erreurs, mais elles permettent de dresser un tableau général des mouvements à l’œuvre. Un travail sur l’ensemble des étiquettes est en cours : nous en rendrons compte ultérieurement.

mardi 8 avril 2014

A quoi servent (encore) les remaniements ?

Dans l'histoire de la 5e République, le pouvoir de remanier le gouvernement fait partie des outils de fait dont dispose le président pour donner une nouvelle impulsion, une nouvelle direction, commencer une nouvelle phase de son mandat... Le vocabulaire utilisé est finalement limité et répétitif. Mais ce qui est certain est que le président use à sa guise de son pouvoir de remanier. Il ne peut pourtant pas contraindre un Premier ministre à démissionner, mais jamais aucun Premier ministre n’a remis en cause la prééminence du Président en matière de formation et de démission du gouvernement.
La seule exception notable concerne les périodes de cohabitation. Le remaniement, qui exige un accord entre le Premier ministre et le Président, est indisponible en période de cohabitation. Même Lionel Jospin, premier ministre pendant près de cinq ans, a remplacé les ministres au compte-gouttes et sans grande communication, plutôt que de chercher à obtenir le soutien du président Chirac pour un remaniement.
Hors période de cohabitation, le Premier ministre représente un véritable fusible pour le président. Si jamais les choses ne vont pas comme il faut, il peut le remplacer et espérer redorer son blason de cette manière. Et les présidents ne s’en privent pas. En nous concentrant sur les seuls remaniements officiels, c’est-à-dire ceux avalisés par décret présidentiel, on en compte 19 depuis le début de la 5e République, dont 8 qui impliquent un changement de premier ministre. Nous excluons ici tous les changements correspondant à un changement de majorité ou de fin de mandat présidentiel. Seuls nous intéressent les remaniements réalisés hors période électorale.


La popularité ou plutôt son déclin est un phénomène constant de l’histoire de la 5e République. Nous avons remarqué dans une note précédente que les trois derniers présidents ont particulièrement souffert d’une désaffection rapide et durable, battant chacun leur tour des records d’impopularité. Le graphique 1 illustre cette évolution. Depuis la période giscardienne, le taux de popularité net – c’est-à-dire les opinions positives moins les opinions négatives – descend régulièrement en-dessous 0.


Graphique 1 – Evolution de la popularité de l’exécutif en France



Depuis le début des années quatre-vingt, le déclin est devenu plus fort et l’évolution plus erratique. Les présidents partent avec un capital de sympathie élevé, mais il décline assez rapidement. Ce mouvement s’est encore accéléré depuis la présidence Chirac, avec un soutien net de départ moins fort et des chutes vertigineuses ensuite.


A quoi peuvent servir dans ce contexte les remaniements ? L’espoir est bien sûr qu’ils vont arrêter la chute, faire remonter la popularité du président en changeant de Premier ministre ou certains ministres responsables des échecs perçus ou réels des politiques passées. Le graphique 2 présente l’effet moyen d’un remaniement dans les mois qui suivent sur la popularité du Président. Pour étudier l’effet, nous avons soustrait au taux de popularité net du Président la popularité moyenne du Président au cours des six mois précédant le remaniement. Autrement dit, une valeur au-dessus de zéro ne correspond pas nécessairement à un taux de popularité net positif, mais à une amélioration par rapport à la période précédant le remaniement. Inversement, des valeurs négatives indiquent une détérioration de la popularité par rapport à la période précédant le remaniement. Par ailleurs nous distinguons les remaniements avec changement de Premier ministre des remaniements sans.


Graphique 2 – Les effets des remaniements sur la popularité du président


Le graphique 2 présente cet effet moyen pour les remaniements au cours de trois périodes. Par précaution, il faut préciser que le nombre total de remaniements étant assez faibles (19), ces courbes n’ont qu’une valeur illustrative et demanderait une étude statistique plus approfondie.
Pendant le long règne de la droite de 1958 à 1981, les remaniements n’avaient pas d’effet positif sur la popularité du président. Il est possible qu’ils ne servaient pas uniquement à cela. Surtout pendant la période gaullienne, le président se séparait de son premier collaborateur au bout de cycles dont il déterminait lui-même la longueur. Par ailleurs, le soutien net au président restait assez fort, comme le montre le graphique 1.


Pendant la phase des alternances systématiques (1981 à 2002), les remaniements prennent tous leur sens. Un changement de Premier ministre, comme le premier de la série de Mauroy à Fabius, correspond à un changement de cap et permet de donner une nouvelle impulsion au gouvernement, tout en améliorant la popularité du Président. Un remaniement sans changement du Premier ministre n’a guère le même effet. Il correspond sans doute davantage à une réorganisation du travail, plus ou moins bien comprise par le public. Le remaniement de novembre 1995 (de Juppé 1 à Juppé 2) est à ce titre exemplaire, en ce qu’il n’a pas d’effet positif sur la popularité du Président.


Enfin, la dernière phase décrite est la période après 2000. Elle inaugure une période de remaniements peu effectifs en termes de popularité. La seule exception ici, celle qui tire la moyenne vers le haut, est la nomination de Dominique de Villepin à Matignon au lendemain du référendum sur le Traité constitutionnel européen en mai 2005. Tous les autres remaniements n’ont guère eu d’effet positif. Par ailleurs, les taux de popularité des présidents ont atteint des niveaux tellement bas que les présidents semblent hésiter plus longtemps avant de remanier. De fait, Nicolas Sarkozy a été le premier président à ne pas changer de Premier ministre, faisant confiance à François Fillon tout au long de son mandat.


Quant à François Hollande, nouveau détenteur du record d’impopularité, les rumeurs de remaniement sont apparues plusieurs fois déjà au cours de ces deux premières années de mandat. Le président dispose de peu d’autres armes pour remonter dans les sondages. La gestion de catastrophes naturelles ou de crises externes peut fonctionner. Des catastrophes, il n’y en a pas eu. La promesse de renégociation du Traité de Lisbonne n’a pas vraiment été tenue. Seule l’intervention au Mali a « marché » au sens où un consensus s’est formé autour du président, comme à chaque fois dans l’histoire de la 5e République, lui procurant même un (petit) répit dans les sondages. Mais le remaniement semblait plus dangereux, un cartouche à ne pas griller trop à la légère.


Le moment est finalement venu après la défaite sans appel aux élections municipales. Mais l'effet du remaniement sur la popularité du président n'est pas susceptible d'être très important et les premiers sondages témoignent plutôt de la défiance de l'électorat que d'un regain de confiance. Les remaniements ont perdu beaucoup de leur pouvoir régénérateur avec le temps.

Emiliano Grossman

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mardi 1 avril 2014

Les sondages et les municipales

Pratiquement à chaque élection, les sondages et les instituts qui les produisent font l'objet de critiques et d'interrogations. Le premier tour des municipales du 23 mars 2014 ne déroge pas à cette règle. Dès l'annonce des premières estimations, nombre d'observateurs ont annoncé leur surprise face aux résultats des élections. La "vague bleue", confirmée au second tour, et la victoire du Front national dans plus d'une dizaine de villes ont encore renforcé ces interrogations. 
Nous nous sommes penchés sur les sondages pour le premier tour et avons entrepris de tester la précision de leurs estimations en les confrontant aux scores effectifs : avaient-ils vu juste ? Certains instituts font-ils mieux que d’autres ? Ont-ils plus de mal à saisir la force de certains partis, par exemple à cause de la réticence des électeurs à admettre qu’ils votent pour le FN ?

Nous avons commencé par identifier les sondages les plus récents. Toutes les villes ne sont pas logées à la même enseigne : seules les plus grandes et celles qui connaissent une campagne disputée, par exemple avec des candidats dissidents, font l’objet de sondages. Paris ou Marseille ont fait l’objet de plusieurs sondages, jusqu’à la semaine du premier tour, tandis que d’autres n’ont en eu qu’un seul, remontant parfois à plusieurs mois – dans certains cas jusqu’au mois de décembre. Dans la très vaste majorité des communes, aucun sondage n’a été réalisé. Nous avons donc dû nous contenter des sondages disponibles et nous avons recensé les dernières estimations en date pour le premier tour dans 70 villes, recensées par francetvinfo.fr , afin de pouvoir les comparer aux résultats effectifs de chaque liste.


Une bonne idée des rapports de force locaux, quel que soit l’institut

Nous observons que contrairement à l’impression de départ, les estimations s’avèrent le plus souvent correctes : dans 59 cas sur 71, c'est-à-dire 83 %, les sondages identifient correctement le gagnant du scrutin. Nous n’observons pas de différences notables entre les instituts de sondage.

Graphique 1 – La performance des instituts de sondage
(Erreur de prédiction moyenne)




Notons que la mesure de l'erreur de l’estimation ne va pas de soi. Bien entendu, nous ne parlons pas d'erreur statistique ici. Il y aurait d'autant plus de choses à dire à ce sujet que les sondeurs ne fournissent pratiquement jamais les informations nécessaires au calcul de la fiabilité d'un sondage. Mais pour cette note, nous nous contentons d’une mesure de la moyenne de l'erreur de prédiction absolue, présentée dans le graphique 1. Les résultats restent bons, mais il est certain qu'une erreur moyenne absolue de prédiction de 2,6 pour cent (ligne rouge sur le graphique 1) peut être décisive et fausser le pronostic de victoire ou de défaite, surtout lors d'une élection municipale où la prime au gagnant est très importante.


Surestimation du PS, sous-estimation du FN

Le graphique 2 représente les erreurs absolues et moyennes par type de liste. On voit en vert foncé la moyenne des erreurs absolues de prédiction par parti et en rouge foncé la moyenne des moyennes des erreurs. La première indique l'ampleur de l’erreur de prédiction quelle que soit la direction. La seconde permet de voir dans quelle direction les sondages se sont trompés (à la hausse ou à la baisse).

Graphique 2 – L'erreur de prédiction par parti






















On voit qu'une marge d'erreur plus ou moins importante existe pour tous les partis. L'UDI semble le moins bien prédit, mais il s'agit aussi de l'un des partis les moins présents dans les sondages examinés (15 sur 71), de sorte qu'un ou deux résultats déviants peuvent facilement peser sur les prédictions moyennes. En regardant les trois premiers partis dans le graphique, l'UMP, le PS et le FN, on voit que le PS est de loin le moins bien prédit. Les prédictions sont nettement moins mauvaises pour l’UMP et pour le FN.

La grande différence, déjà relevée dans la presse, est la direction des erreurs de prédiction, représentée en rouge foncée. Alors que cette erreur tend systématiquement à surévaluer les résultats du Parti socialiste (de 10% à Tours et à Lille, de 9,5% à Grenoble ou à Avignon et de 8% à Chambéry, Bourgoin, Rouen et Orléans), peut-être parce que de nombreux électeurs de gauche ne se sont pas déplacés les deux derniers dimanches, elle sous-évalue la performance de l’UMP et surtout celle du Front national. Les sondages se heurtent donc toujours à la réticence de nombreux répondants à annoncer qu’ils s’apprêtent à voter FN : le score de ce parti a été sous-estimé de 10,5% à Metz, de 9,5% à Carpentras, de 7,5% à Fréjus, de 5,5% à Hénin-Beaumont et de 5% à Créteil, Marseille et Perpignan.


Des limites pour offrir un cliché global du poids des partis : un problème d’échantillonnage ?


Cependant, les sondeurs ont vu juste dans de nombreuses autres villes et il semble de plus en plus commun d’admettre que l’on vote à l’extrême droite. Il se pourrait donc que l’impression d’une distorsion entre l’image brossée par les sondages et le rapport de force révélé par les élections ne soit pas un simple problème de mesure lié au phénomène de désirabilité sociale, mais résulte d’un problème d’échantillonnage : pour des raisons de commande et suivant des logiques de médiatisation et de communication focalisant l’attention sur quelques communes spécifiques, les villes sondées ne représentent pas un échantillon aléatoire, ni représentatif des communes françaises. La force du FN et l’érosion du PS ont donc été sous-estimés dans les nombreuses villes qui, comme par exemple Mantes-la-Ville, Noyon ou Soissons, ne font pas la une des médias. Cette observation nous rappelle que les sondages ne visent pas à prendre la température globale dans l’ensemble du pays, mais à répondre à des commandes centrées sur des communes spécifiques.

Emiliano Grossman & Isabelle Guinaudeau
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